| vanille300 | | Administratrice |
|  Posté le 07-04-2007 à 12:03:45   
| "On mangeait des graines de palmier qu'on faisait cuire, des coléoptères, des grenouilles, des fruits inconnus": depuis son lit d'hôpital, à Cayenne, Loïc Pillois, un des deux naufragés de la forêt guyanaise retrouvés jeudi, après sept semaines d'errance, raconte son odyssée.
"En fait, on pense qu'on ne s'est pas perdu", explique le randonneur rescapé, 34 ans, joint sur son téléphone portable vendredi: "On progressait toujours, mais on avançait de plus en plus lentement au fur et à mesure que les jours passaient".
Avec son ami Guilhem Nayral, 34 ans également, avec qui il quitte le saut (rapide) du Grand Kanori, sur le fleuve Approuague, le 14 février, ils marchent pendant 12 jours, mais beaucoup plus lentement que prévu.
C'est alors que les deux hommes, qui n'ont fait qu'une partie des quelque cent kilomètres qui les séparent du village de Saül, leur point d'arrivée prévu, et n'ont qu'une dizaine de jours de vivres, décident de s'arrêter dans une "trouée" de la forêt. Pour être vus par les secours qui ne manqueraient pas d'être lancés à leur recherche.
"On a construit un carbet (abri en bois) et on s'est mis à brûler de gros morceaux de bois pour signaler notre présence. On entendait des hélicoptères au nord, mais ils n'arrivaient jamais jusqu'à nous. L'hélicoptère qui est passé le plus près a dû passer à 1 km au nord de notre campement", se rappelle-t-il.
"Pendant ces trois semaines d'arrêt, on se nourrissait de petits fruits dont je ne connais pas le nom mais qui ont le goût d'orange ou de pomme. On mangeait des graines de palmier qu'on faisait cuire, des coléoptères, des grenouilles. Ca nous a remis un peu d'aplomb. Mais comme personne ne nous trouvait, on a décidé de repartir", poursuit Loïc Pillois.
Dans un autre témoignage à l'AFP, Gilles Nayral, le frère de Guilhem, a expliqué que les deux hommes ont également mangé des mygales et deux tortues.
"On savait qu'on approchait de Saül, parce que le parcours devenait de plus en plus difficile, avec des montées et des descentes constantes, et des pluies quotidiennes très fortes, des orages. Plus les jours passaient, moins on avançait vite", poursuit Loïc Pillois.
"Guilhem commençait à traîner la patte. On s'est arrêté à un deuxième endroit, sur un flanc de montagne, et là, on savait qu'on était de plus en plus près de Saül, parce que le son des avions qui desservent cette commune une ou deux fois par jour était de plus en plus proche", se rappelle-t-il.
"Là aussi, on a fait un carbet pour se reposer deux à trois jours. Je pensais que Guilhem irait mieux, mais au bout de ces deux ou trois jours, c'était toujours pareil. J'ai décidé de le laisser là, avec des provisions d'eau et un feu allumé. Mercredi, je suis parti seul".
Loïc Pillois est finalement arrivé jeudi à Saül, à pieds, avant d'aider les gendarmes à retrouver son camarade, en hélicoptère. Vendredi, il espérait déjà avoir "une permission de sortie" de l'hôpital de Cayenne où il a été placé en observation.
"J'aimerais rentrer le plus tôt possible en France, si possible demain (samedi) après midi", explique-t-il.
Quant à son ami, Guilhem Nayral, il devrait rester hospitalisé plus longtemps: "Il est beaucoup plus faible que moi, il a du mal à parler, il dort beaucoup. Il devrait rester quelques jours de plus à l'hopital", explique son camarade d'aventure.
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