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 La colère

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tomy987
Etudiant sérieux
tomy987
   Posté le 28-06-2006 à 10:01:23   Voir le profil de tomy987 (Offline)   Répondre à ce message   http://harrypotter.bbfr.net   Envoyer un message privé à tomy987   

La colère est ordinairement considérée comme une vive émotion de mécontentement contre ce qui nous blesse, que ce soit un acte, une personne, une organisation ou une idée. Il est possible aussi d'éprouver de la colère contre soi-même.

La philosophie classique des affects ou sentiments distingue toutefois la colère de la haine. En effet, Spinoza définit la haine (odium) comme une tristesse accompagnée de l'idée d'une cause, donc ce qui correspondrait à un mécontentement attribué à un objet précis tandis que la colère (ira) est définie comme l'effort de causer du mal à l'objet de notre haine (l'Éthique III, scolie 2 de la proposition 40). « Mal », ici signifie tout ce que nous imaginons pouvoir diminuer notre puissance d'exister propre (cf. scolie de la prop. 39). Spinoza rejoint en ce sens le stoïcien Cicéron qui définissait la colère comme « désir (libido) de punir celui qui semble nous avoir causé un dommage injustement » (Tusculanae 4, 9, 21).

La colère est alors la conséquence immédiate de la haine, elle même causée par différents sentiments négatifs comme la sensation d'être menacé, une offense, une humiliation etc. Et en tant que désir de faire subir un mal à ce qui nous en a fait subir auparavant, elle est à son tour cause de violence, de conflit, puis de haine et de colère en retour.


Dans les différentes traditions, la colère est le plus souvent considérée négativement. Dans la tradition chrétienne, la colère est un des sept péchés capitaux. Dans la religion bouddhiste, la colère est également une émotion mal considérée. Mais si elle est le plus souvent considérée comme un vice ou une passion mauvaise, une ambiguïté demeure du fait qu'elle semble aussi ce qui réveille l'homme de sa torpeur et son acceptation résignée de l'injustice : ainsi lorsque Jésus s'emporte violemment contre les marchands du temple, ou lorsque le Bouddha se révolte contre la souffrance et la maladie que ses riches parents avaient tenté de lui cacher, il apparaît clairement que la colère comporte certains aspects positifs. En effet, elle apparaît comme le sursaut parfois nécessaire pour préserver ce qui nous tient à cœur : notre vie, celle de ceux que nous aimons, certaines valeurs jugées essentielles ; elle nous donne ainsi l'impulsion de surmonter nos propres résistances (peur d'être mal traité ou jugé en retour, poids des habitudes). Elle s'apparenterait en ce sens avec le courage.

Mais si l'indignation contre ce qui est injuste pourrait être considérée comme une forme de colère acceptable voire utile à conserver la vie et la valeurs qui en découlent, il reste que la véritable colère est incontrôlable. Face à un mal subi, l'homme en colère ne se contente pas de répondre par un mal équivalent, rétablissant une sorte d'ordre de droit égalitaire. La colère est une passion qui en tant que telle pousse à la démesure : l'homme en colère rend facilement au centuple le mal qu'il a subi. Aussi sa colère ne l'apparente qu'extérieurement à l'homme courageux : tandis qu'il va à l'affrontement sous une impulsion irrépressible qui le rend aveugle aux dangers encourus ou aux maux qu'il va faire subir, ce qui relève en réalité de ce qu'on appelle la témérité, l'homme véritablement courageux n'ignore pas le danger et la peur mais les surmonte par la force de sa réflexion et de sa volonté.

Il est à noter à cet égard que le terme latin animositas n'avait pas le sens que nous donnons aujourd'hui au terme d'animosité (colère ou hostilité durable contre une personne) mais signifiait "ardeur, fermeté, courage". Ainsi Spinoza fait de l'animositas une des deux vertus fondamentales ou forces de l'âme avec la générosité (Éthique III, prop. 59, scolie). En effet, tandis que la colère (ira) est le désir de nuire par haine à ce qui nous nuit, le courage (animositas) consiste est un «désir qui porte chacun de nous à faire effort pour conserver son être en vertu des seuls commandements de la raison».


Comme pour se conserver, il est nécessaire de savoir lutter contre tout ce qui peut nous détruire (Cf. Éthique IV, prop. 69), la différence fondamentale entre colère et courage reste que l'homme courageux agit en s'appuyant rationnellement sur l'impulsion d'affects positifs comme l'amour de la vie, tandis que l'homme en colère ou irascible agit contre toute réflexion, sous la seule impulsion de la haine. L'étymologie confirme en partie cette analyse : colère vient du latin cholera qui signifie bile, ce qui renvoie traditionnellement à une partie inférieure de la personne tandis que le courage renvoie évidemment au cœur dont la signification symbolique est beaucoup plus positive.


Message édité le 28-06-2006 à 10:02:13 par tomy987


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ppa
ppa
   Posté le 29-06-2006 à 18:57:35   Voir le profil de ppa (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à ppa   

super tomy987 , mais tu peux tout écrire en noir ou bleu foncé car ce n'est pas très lisible et le vert est absolument illisible, merci


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